InfoRos’ Historical Networks of Influence

InfoRos’ Historical Networks of Influence

On January 18, 2022, OpenFacto published the first results of its investigation into InfoRos, an « information agency » suspected of acting on behalf of Russian military intelligence, the GRU. Our investigation focused on a network of a thousand Russian-speaking websites created and maintained by InfoRos to spread patriotic and anti-Western rhetoric among the Russian population. This galaxy of portals targeted localities throughout Russia, but also specific communities, including ethnic and religious minorities living in Crimea.

OpenFacto has continued its investigations into lnfoRos, and today releases a second report on the Russian agency’s digital operations. Focusing on old InfoRos related domain names, basic heuristics helped us identify nearly 600 new portals administered by InfoRos since the year 2000. This new investigation brings the total number of domain names linked to the agency to 1 945.

While most of them were used to establish a local informational anchor in Russia, OpenFacto discovered several networks of sites that sought to influence the politics of foreign countries or support the diplomatic, economic, and military interests of the Russian government. Compared to the local websites described in our first report, the techniques of influence employed by these networks are radically more pernicious: InfoRos has, among other things, supported secessionist political parties in countries of the post-Soviet space, taken advantage of historical or ethnic conflicts to maintain Moscow’s hold in conflict zones, and financed competitions and conferences abroad to promote cooperation with Russia. At the same time, the agency has repeatedly hammered home to the Russian population and its new allies that the « West » is hypocritical, threatening, but in the process of giving way to new centers of power, of which Russia would be one of the main representatives.

To do so, InfoRos relied on local structures and agents of influence from the targeted countries, who organized physical events and promoted Russian positions to international organizations or their own authorities. The agency also hired Western nationals who sympathized to the Russian cause to create and disseminate content that was favorable to the editorial line prescribed by the Russian government. The speeches were deliberately directed towards audiences considered easily influenced, such as young people and victims of armed conflicts.

In the context of the invasion of Ukraine launched by Russia on February 24, 2022, this historical approach sheds a harsh light on the digital influence strategy of the GRU since the early 2000s. Over 20 years, InfoRos has woven a gigantic web of sites designed to support the Russian government’s strategic interests, regularly evolved its objectives, its discourse, and its methods of influence. Despite the numerous publications on its malicious activities, the Russian agency currently continues to register domain names and to exploit social networks to manipulate the narrative in the media, more particularly by trying to discredit the Kyiv government and the assistance it receives from Western countries.

Before presenting the main historical networks, we will first retrace the course of InfoRos’ activities from the end of January to March 2022, and with good reason. The agency seems to have reacted to the publication of our first investigation, and since then has dismantled a significant part of its infrastructure. This reaction suggests that InfoRos has attempted to limit the public exposure of its targeting of the Russian population. To conclude, we intend to return to two aspects of InfoRos’ work that were discussed in the January report, but on which our new investigations have shed a new light: the creation of domain names for commercial purposes, and the geographical distribution of local web-sites in Russia.

Download the report.

InfoRos : Les réseaux historiques d’influence

InfoRos : Les réseaux historiques d’influence

Le 18 janvier 2022, OpenFacto a publié les premiers résultats de son enquête sur InfoRos, une « agence d’information » suspectée d’agir pour le compte du renseignement militaire russe, le GRU. Notre investigation portait sur un réseau d’un millier de sites Internet russophones créés et maintenus par InfoRos pour diffuser une rhétorique patriotique et anti-occidentale auprès de la population russe. Cette galaxie de portails ciblait des localités situées à travers toute la Russie, mais également des communautés spécifiques, dont des minorités ethniques et religieuses vivant en Crimée.

OpenFacto a poursuivi ses investigations sur lnfoRos, et publie aujourd’hui un second rapport sur les opérations numériques de l’agence russe. En se focalisant sur les anciens noms de domaine liés à InfoRos, des pivots techniques ont permis d’identifier près de 600 nouveaux portails administrés par InfoRos depuis l’an 2000. Cette nouvelle enquête porte donc à 1 945 le nombre total de noms de domaine connus de l’agence. Si la majorité d’entre eux a servi à constituer un ancrage informationnel local en Russie, OpenFacto a découvert plusieurs réseaux de sites ayant cherché à influer sur la politique de pays étrangers, ou à soutenir les intérêts diplomatiques, économiques, et militaires du gouvernement russe.

Comparées aux sites locaux décrits dans notre premier rapport, les techniques d’influence employées par ces réseaux sont radicalement plus pernicieuses : InfoRos a notamment soutenu des partis politiques sécessionnistes dans des pays de l’espace post-soviétique, joué sur des conflits historiques ou ethniques pour maintenir l’emprise de Moscou dans des zones de conflit, et financé des concours et des conférences à l’étranger pour promouvoir la coopération avec la Russie. En parallèle, l’agence n’a eu de cesse de marteler à la population russe et ses nouveaux alliés que « l’Occident » était hypocrite, menaçant, mais en voie de céder sa place à de nouveaux centres de puissance dont la Russie serait l’un des principaux représentants.

Pour ce faire, InfoRos s’est appuyée sur des structures locales et des agents d’influence originaires des pays visés, qui organisaient des événements physiques et faisaient valoir les positions russes auprès d’organisations internationales ou de leurs propres autorités. L’agence a également débauché des ressortissants de pays occidentaux acquis à la cause russe pour créer et diffuser des contenus favorables à la ligne éditoriale prescrite par le gouvernement russe. Des discours volontairement dirigés vers des publics considérées comme facilement influençables, tels que la jeunesse et les victimes de conflits armés.

Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine, lancée par la Russie le 24 février dernier, cette approche historique jette une lumière crue sur la stratégie d’influence numérique du GRU depuis le début des années 2000. En 20 ans, InfoRos a tissé une gigantesque toile de sites destinés à accompagner les intérêts stratégiques du pouvoir russe, faisant régulièrement évoluer ses objectifs, son discours et ses méthodes d’influence. Malgré les nombreuses publications sur ses activités, l’agence russe continue actuellement d’enregistrer des noms de domaine et d’exploiter les réseaux sociaux pour manipuler l’actualité, en tentant notamment de décrédibiliser le gouvernement de Kyiv et l’assistance qui lui est portée par les pays occidentaux.

Avant de présenter ces principaux réseaux historiques, nous retracerons dans une première partie le cours des activités d’InfoRos de fin janvier à mars 2022. Et pour cause, l’agence semble avoir réagi à la parution de notre première enquête, et démantelé depuis cette période une partie importante de son infrastructure. Cette réaction suggère qu’InfoRos a tenté de limiter l’exposition publique de son ciblage de la population russe. Enfin, nous proposons en conclusion de revenir sur deux aspects du travail d’InfoRos abordés dans le rapport de janvier, mais que nos nouvelles investigations ont permis de mieux cerner, à savoir la création de noms de domaine à finalité commerciale, et la répartition géographique des sites locaux en Russie.

Un résumé des principales découvertes d’OpenFacto sur l’évolution de la stratégie et des tactiques d’InfoRos est disponible à la fin de ce rapport, p. 71. La liste complète des 1 945 noms de domaines liés à InfoRos est par ailleurs accessible en cliquant les liens ci-dessous.

Télécharger le rapport.

Télécharger la liste des domaines.

Comment la fonction d’autocomplétion de Google aide à la diffusion de désinformation sur le Donbass

Comment la fonction d’autocomplétion de Google aide à la diffusion de désinformation sur le Donbass

Crossover a découvert que les prédictions produites par la fonction d’autocomplétion de Google (Google autocomplete) proposait presque systématiquement le nom d’un média pro-Kremlin dès lors que des citoyens belges francophones recherchaient le terme « Donbass » dans le moteur de recherche. D’autres prédictions de Google proposent par ailleurs les noms d’individus notoirement pro-Kremlin.

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine a lancé une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Les yeux rivés sur l’Ukraine, l’Europe a regardé la Russie envahir ce pays. De nouveaux termes ont alors commencé à être prononcés par des journalistes, termes que beaucoup de personnes n’avaient jamais entendus auparavant : Kharkiv, Azov, dénazification, Boutcha, Donbass…

Quel est le réflexe désormais reconnu dès lors que quelqu’un entend un mot qu’il ne connaît pas ? Le googler. Selon les données de Google Trends, l’intérêt des utilisateurs belges pour le terme « Donbass » a augmenté de manière extrêmement importante, ceci se reflétant évidemment sur les tendances de recherches de Google.

Lorsqu’un utilisateur tape un certain mot sur le moteur de recherches de Google, la fonction de prédiction de la recherche essaie de deviner ce que l’utilisateur a en tête et propose de compléter le reste de la recherche, via un algorithme. Alors même qu’il tape, l’utilisateur voit s’afficher une boite proposant différentes prédictions, chacune lançant une recherche associée. Ce système est appelé Google Autocomplete Prediction.

Entre Février et Août 2022, quand les utilisateurs belges recherchaient des information sur le Donbass, Google Autocomplete Prediction complétait leur recherche avec des termes particulièrement douteux.

Notre investigation prouve que la recherche « Donbass » a été associé avec « Insider », « Anne Laure Bonnel », « Insider Christelle », parmi d’autres prédictions. En proposant le terme « Insider » comme complément de recherche de l’utilisateur, Google le dirigeait vers Donbass Insider, une source de propagande pro-Kremlin accusée de propager de la désinformation sur la guerre en Ukraine, et plus particulièrement sur le conflit au Donbass. Parfois, certains de ses canaux de communication associés, tels que Youtube ou Odysee, où sont produits le même genre de contenu, étaient également proposés.

Google proposait aussi l’expression « Anne Laure Bonnel », qui fait référence à « une journaliste française dont la visibilité a augmenté dès lors qu’elle eut présenté une analyse pro-russe du conflit au Donbass, y compris des informations trompeuses », selon ISD.

Enfin, la prédiction « Christelle » conduit à Christelle Néant, fondatrice de Donbass Insider qui bénéficie d’un solide réseaux de followers sur divers réseaux sociaux pour diffuser ses contenus et sa rhétorique pro-Kremlin.

Retrouvez cette enquête menée par CheckFirst, OpenFacto et Apache, pour le projet CrossOver en cliquant sur ce lien ou sur l’image ci-dessous..

Le monde entier est un qactus

Le monde entier est un qactus

Cet article est le fruit d’une enquête au long cours menée depuis juillet 2021 sur un acteur clef de la désinformation français, par OpenFacto et SourcesOuvertes sur Twitter en collaboration avec le site ConspiracyWatch.
Il présente toutefois quelques nouveaux éléments d’identification et dresse un panorama méthodologique d’enquête sur la désinformation sur Internet. Les liens présents dans cet articles sont soit tronqués, soit présentés sous leur forme d’archive afin de ne pas générer de rétroliens de promotion du site.

1.98 millions de vues en juillet 2021…

Signalé en juillet 2021 sur Twitter par Tristan Mendès-France, le site internet de réinformation d’inspiration QAnon Qactus[.]fr présente à l’époque un nombre impressionnant de vues mensuelles selon https://www.similarweb.com/fr/ :

Si, ces trois derniers mois, son audience a quelque peu diminué, elle représente toujours plus d’un million de visiteurs mensuels. D’ailleurs le site lui-même en fait la promotion sur sa page, dans le footer (73.6+M de visites à la date de publication de cet article…).


Techniquement, Qactus est un blog hébergé par WordPress, et son nom de domaine est enregistré depuis le 6 mai 2020. Cette information est cohérente avec les premières traces de pages vues sur l’Internet Archive.

Ligne éditoriale

Si le site est très fréquenté, sa ligne éditoriale du site est prompte à mettre le lecteur dans un état profond (deep state… vous l’avez?) de perplexité :

Un GoogleDork assez basique montre par ailleurs que ce site recommandait également en 2021 des lectures très particulières…

Mais comment définir un peu plus précisément la ligne éditoriale de ce site?

En utilisant le logiciel libre Hyphe, il est possible en partant de ce site de collecter une grande partie des liens hypertextes contenus dans les 8.341 articles qu’il contient. De manière récursive, on applique la même technique sur ces liens découverts afin de vérifier si ceux-ci font également référence à des liens similaires ou à Qactus.

Jolifié à l’aide Gephi, il est dès lors possible de visualiser avec Retina les connexions entre ces liens, c’est à dire les citations communes et de repérer ainsi des sous-communautés d’intérêt.

On constate ici qu’à de très rares exceptions (quelques articles du Monde, du Mediapart ou du Guardian par exemple), l’essentiel des liens remontés sont issus de la sphère complotiste et/ou de réinformation, française ou internationale, et que ces sites, ou profils, se re-citent entre-eux, agissant comme une bulle informationnelle.

Une bulle efficace?

Avec un tel contenu mêlant notamment complot, antivax, antisémitisme, et admiration pro-russe, quel peut être l’impact de ses publications sur un réseau social?
Qactus est officiellement absent de Twitter : son compte a été suspendu. Il utilise principalement Gab, Vk, Facebook et Telegram pour diffuser ses articles. Cependant, ses publications y sont régulièrement reprises. Or ce réseau présente plusieurs intérêts : il est assez grand-public pour toucher une audience plus large que les plateformes plus confidentielles telles que Gab, et contribuer ainsi à sa viralité, et il est possible pour nous de récupérer facilement des données par scraping.

En collectant avec snscrape l’intégralité des tweets encore disponibles et contenant l’expression « qactus[.]fr », il est possible d’obtenir une liste de 119.789 tweets depuis le 26 juin 2020 (ce qui représente un peu plus de 170 tweets par jour…). Il est important de prendre en compte à ce stade qu’il ne s’agit que d’une photographie à un instant précis des tweets actuellement visibles : des comptes aujourd’hui fermés ont pu relayer encore plus ce contenu par le passé. Le corpus ainsi remonté est toutefois assez conséquent et permet de tirer quelques enseignements sur cette bulle.

9.016 utilisateurs ont ainsi repris et diffusé ces liens sur la période concernée. Certains sont particulièrement prolixes. Après nettoyage des données brutes sous OpenRefine, et à l’aide du logiciel R, et de Rstudio, il est possible d’établir le palmarès des 50 plus gros promoteurs de qactus s’établit ainsi :

Note : Les identifiants ont été anonymisés et le décompte des tweets ne tient compte que des URLS uniques. A titre d’exemple le premier des promoteurs a posté à lui-seul 3.910 liens uniques qactus sur Twitter: un vrai fan.

Certains de ces utilisateurs Twitter sont très influents, comme Christine Kelly, ou encore Yves Pozzo Di Borgo.

Ainsi trois de ces utilisateurs cumulent plus de 9.000 retweets chacun sur leurs tweets embarquant des liens vers un post sur qactus, et d’autres utilisateurs réalisent eux aussi de jolies performances.

L’analyse des likes sur ces tweets est par ailleurs également intéressante :

L’ensemble de ces données permet de cartographier une douzaine de profils particulièrement influents qui diffusent avec beaucoup de succès les posts du blog :

Il pourrait être envisagé de produire d’autres types d’analyses sur l’ensemble de ce jeu de données, mais cette première approche permet de rapidement montrer que même en dehors de sa sphère habituelle d’évolution (les réseaux alternatifs), et par le truchement de comptes influents (inauthentiques ou bien réels), la diffusion de son contenu est bien réelle, régulière, et assez massive.

Plusieurs des comptes observés ici présentent les caractéristiques habituellement observées chez les trolls et désinformateurs :

  • Plusieurs comptes utilisant des pseudonymes séquentiels;
  • Des biographies surchargées d’émoji, de descriptions enthousiastes et guerrières, pro-trump, etc;
  • Des comptes très récents, postant peu de contenus propres et pourtant très suivis;
  • Du contenu directement relayé depuis Gab et probablement automatisé
  • etc…

Une hypothèse possible, mais non vérifiée, est que sous un ou plusieurs de ces comptes, se cache en réalité le webmaster du site Qactus.

Mais pourquoi la propagation de ce contenu est-elle une notion importante?

L’argent, le fuel de la désinformation

La désinformation est un ensemble de techniques de communication qui visent à tromper des personnes ou l’opinion publique pour protéger des intérêts, influencer l’opinion publique ou semer la discorde. Dans le cas de qactus, il est d’ailleurs possible de s’interroger ici si l’on est en présence de mésinformation (l’auteur croit que son information est réelle et la diffuse) ou de désinformation (l’auteur sait que l’information est fausse et la diffuse).

Mais une autre motivation est plus probable : l’appât financier.

En effet, si le site est hébergé sur la plateforme WordPress.com (le coût de maintenance est de l’ordre d’une vingtaine d’euros par mois), il n’en oublie pas moins de déclarer un traqueur publicitaire pour générer de l’argent… Il n’y a pas de petits profits.

extrait du code source de la page Qactus

Ce type de traqueurs permet de générer des revenus en revendant les données collectées à Google. S’il est très complexe de déterminer les sommes générées par ce site, il est possible de l’estimer à gros traits de deux manières :

  • Une simulation opérée sur le site de Google lui-même, pour un site d’information basé en Europe, sur l’estimation basse de 1.3M de visites mensuelles est susceptible de rapporter environ 32.500€ par an, ce qui est déjà, avouons le, plutôt confortable.
  • Cette estimation, minimale, est à peu près conforme à celles découvertes en recherchant sur Google les articles de blogueurs spécialisés sur le sujet.


Le créateur du site génère donc sans doute et avec l’appui de Google, des revenus complémentaires pour le moins intéressants.

Mais est-il possible de l’identifier?

Qui est Vanec71?

Deux profils de rédacteurs sont référencés sur le site : Laruche71, pseudonyme plutôt récent sur le site et Vanec71, auteur et administrateur historique du site. Le moteur du site étant basé sur WordPress, il est également possible de remonter ces pseudonymes d’auteurs via le dork Google suivant, classique et toujours très puissant :

Par le biais de l’outil Epieos, qui permet de voir comment et sur quels sites est utilisée une adresse e-mail, nous procédons au test de . A la base, la logique intrinsèque de l’outil de Epieos est de procéder à des tests à partir d’une adresse dont on sait qu’elle existe.

Mais rien n’empêche de l’utiliser avec des adresses « potentielles », non?

Commençons donc par tester une adresse Gmail… et le résultat parle de lui-même…

Grâce aux liens fournis par Epieos, nous découvrons que notre exquis webmaster a fait ses courses au Gifi du Creusot :

« Vanec Blue » (le nom renvoyé par Epieos) nous menait également fin 2021 vers une chaîne Youtube, avec deux vidéos peu vues :

Ce compte a désormais changé d’identité et d’avatar mais se trouve toujours en ligne.

Deux vidéos seulement et peu de vues… Ce n’est pourtant pas faute d’en assurer la promotion sur … la chaîne officielle « Qactus – L’Informateur », où on retrouve une des deux vidéos, élément liant un peu plus les deux comptes si besoin en était.

L’étape du mezze

A ce stade, nous avons recueilli quelques éléments intéressants, mais Il convient désormais de les mélanger :

Si le résultat n’est pas fameux sur Google, la même opération menée sur d’autres moteurs de recherches s’avérait beaucoup plus fructueuse en 2021. Ainsi, le moteur Qwant était un peu plus loquace :

Nous retrouvons alors deux de nos pivots, ainsi que plein de pivots supplémentaires :

S’agit il de la personne derrière le site conspirationniste à 1.98 million de vues ?

A ce stade, rien ne permet de l’attester complètement. On peut cependant objecter qu’en terme de probabilités, le pourcentage de personnes qui ont le même pseudonyme (assez signant), habitant dans la même ville de taille très moyenne (population du Creusot : 21887 personnes – 2015) est sans doute assez faible…

Passons la seconde…

Pour résoudre le mystère, on va utiliser l’équivalent du site HaveIBeenPwned. Ce site, qui est ouvert à tous moyennant un abonnement, permet de rechercher des identifiants et mots de passe à l’intérieur d’immenses bases de données ayant préalablement fuité sur internet, suite à des compromissions.

Une recherche sur Vanec71 donne rapidement trois informations clefs : un nom, un prénom et une nouvelle adresse mail chez Microsoft.

« Pat S » aurait-il une adresse au Creusot? Les pages jaunes sont nos amies…

Sacré Patoche…

Golfeur – on peut être QAnon et aimer les sports d’élite – « Pat S » a un profil sur Copains d’Avant indiquant qu’il a certainement vécu un temps à Carcassonne avant de revenir au pays.

Et évidemment, Patoche est bien présent sur VK ou Facebook, ce qui permet de vérifier l’ensemble de ces éléments.

Contacté à de nombreuses reprises, il n’a jamais retourné nos appels.

Pour conclure

A l’aide de quelques outils facilement accessibles, et d’un peu de méthodologie, il est possible d’analyser un de sites moteurs de la désinformation francophone et de constater qu’il est au centre d’un écosystème plus global :

  • Des liens d’affiliations avec toute la sphère réinformationnelle et complotiste anglophone et francophone
  • Une propagation virale déborde largement sur les réseaux sociaux conventionnels, avec une communauté forte qui porte et amplifie le message
  • Une saturation de l’espace médiatique sur les thèmes récurrents de la réinformation et du complot
  • Un intérêt financier certain, pour un personnage très discret

Conférence : La nouvelle politique russe en Afrique

Conférence : La nouvelle politique russe en Afrique

Ces dernières semaines, la présence d’instructeurs et mercenaires russes au Mali a été l’objet d’une médiatisation soutenue, en France et en Europe. Si certains y voient le signe du “grand retour” de la Russie en Afrique, d’autres rappellent qu’il s’agit avant tout d’une communication maîtrisée.

Nous parlons beaucoup trop de Wagner et nous avons tort”. Arnaud Kalika, directeur de la sûreté chez Meridiam, a préféré prendre du recul ce jeudi 20 janvier. L’auteur de la publication Le “grand retour” de la Russie en Afrique ? s’est exprimé lors d’une visioconférence sur la nouvelle politique russe en Afrique, organisée par les étudiants du Master géopolitique et relations internationales de l’Institut Catholique de Paris (ICP). À ses côtés, un autre spécialiste des réseaux d’influences russes : Maxime Audinet, chercheur détaché à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM) et auteur de Russia Today (RT) : Un média d’influence au service de l’État russe.

Le groupe Wagner – Source : Wikipedia

Wagner : armée secrète du Kremlin ?

La “Force Wagner” est une organisation de sécurité privée présentée par les médias occidentaux comme “l’armée secrète de Moscou”. Composée d’anciens militaires devenus mercenaires, elle opérerait depuis une dizaine d’années sur le territoire africain. Ses origines et son mode opératoire en Afrique ont été décryptés par Le Monde en avril 2021. On y apprend notamment que la société est dirigée par Evgeni Prigojine, oligarque et grand patron de restaurant proche du président russe Vladimir Poutine.

Je ne pense pas que ce soit une société occulte ou l’armée secrète du Kremlin”, a indiqué Arnaud Kalika sur ce sujet. “ En réalité, Prigojine est le patron de ce que serait Sodexo ici en France. Car il gère un marché colossal”. Pour Maxime Audinet, la force Wagner s’intègre complètement dans le concept de “guerre hybride”, qui allie les concepts de guerre informationnelle, asymétrique et la cyberguerre. “Il y a très certainement un soutien en sous-main de l’armée russe au groupe Wagner. Mais ce mélange d’opérations militaires entretient une zone grise qui ne relève pas précisément de l’engagement régulier et officiel de la Russie”.

Une stratégie opportuniste et pragmatique

En Afrique, l’offre de Wagner est simple : protection et formation militaire contre exploitation de ressources. Une stratégie offensive également appliquée par Vladimir Poutine. En 2006 par exemple, le président russe propose à l’Algérie d’effacer sa dette de près de 4,7 milliards de dollars, contre la signature d’un contrat d’armement de 7,5 milliards de dollars. “Dès qu’il y a une faille dans un pays, les russes vont essayer de s’y insérer”, a affirmé Arnaud Kalika. En répondant au déficit sécuritaire des pays africains, la Russie obtient de nombreux contrats et confirme son statut de grande puissance même si elle reste loin derrière ses principaux concurrents comme la Chine, les Etats-Unis ou encore la France.

L’Afrique est un angle mort de l’espace mondial qu’il faut investir. Tout est bon pour profiter du moindre affaiblissement des positions occidentales.”, a détaillé l’intervenant. Selon lui, la Russie souffre du : “complexe de la Citadelle assiégée”. Un sentiment que Vladimir Poutine justifie notamment par l’élargissement à l’Est, de la zone d’action de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui se rapproche des frontières Russes, la militarisation de l’Arctique par les américains et enfin l’instabilité dans le Grand Sud du Caucase et l’Asie centrale. À cela s’ajoutent des sanctions imposées par l’Occident après l’annexion de la Crimée en 2014, qui pousse la Russie à rechercher de nouveaux marchés,

Séduire grâce au soft-power

Se sentant humiliée par les occidentaux depuis la chute de l’URSS, la Russie n’hésite pas à le faire savoir en Afrique. Dans les médias, elle déploie une communication agressive contre l’Occident. “Les acteurs russes conçoivent l’espace informationnel, virtuel ou réel, comme un espace de conflit”, explique Maxime Audinet. Grâce aux médias Russia Today et Sputnik, le soft-power s’opère via : “une ligne éditoriale, sarcastique et polémique, qui n’a jamais cessé de soutenir l’agenda et le discours officiel de la Russie”, décrit le chercheur.

Yevgeny_Prigozhin – source Wikipedia

Et même si ces médias trouvent la majorité de leur audience en Europe et notamment en France, ils laissent volontairement leurs contenus accessibles au public et ce gratuitement. Un moyen pour certains médias africains de diffuser l’information sans effort. “Afrique Média par exemple, qui est implanté au Cameroun, récupère ses contenus et donne une place très large aux russes et surtout un discours de légitimation de leur arrivée en Afrique, en particulier au Mali”, précise Maxime Audinet. Comme aux temps de la guerre froide, l’industrie cinématographique est mise à contribution pour diffuser de la propagande, avec par exemple le film “Touriste”, qui glorifie la mission des mercenaires russes en République centrafricaine (RCA). Les exactions dont est accusé le groupe Wagner par les Nations Unies sont quant à elles : “complètement mises en sourdine”.

Un acteur économique de plus

Mais alors que représente la Russie pour les africains ? “Simplement un nouvel entrant et même une aubaine pour le “client” africain”, a répondu Arnaud Kalika. “Elle permet de nouvelles négociations et du challenge pour tous les acteurs. Mais les pays africains sont très au courant des tensions entre l’Occident et la Russie. Négocier avec les russes leur permet d’obtenir des concessions avec leurs anciens partenaires”. Même avec ses nouveaux contrats en Afrique, la Russie reste loin derrière ses concurrents, avec un volume des exportations totales sur le continent enregistré à 17,5 milliards d’euros en 2018, contre 51,3 milliards pour la France et 204 milliards pour la Chine, selon le Monde Diplomatique.

The GRU’s galaxy of Russian-speaking websites

The GRU’s galaxy of Russian-speaking websites

Since 2016, numerous studies have shown Russian intelligence services’ involvement in online information operations. Case studies on the Internet Research Agency (IRA), Secondary Infektion , and the Ghostwriter campaigns shed light on the methods allegedly employed by the Russian government to influence and discredit beyond its borders.
However, little research has focused on Russian Intelligence’s control over the domestic information space. OpenFacto discovered and mapped more than one thousand Russian-speaking websites linked to the GRU, Russian military intelligence, to reconstruct their strategy and objectives, in a landscape already saturated with media loyal to the Kremlin.


OpenFacto’s study revealed that InfoRos, a news agency run by the GRU, began expanding into local news around 2012 throughout Russia. By registering no fewer than 1,341 digital « news portals » attached to cities, towns, districts, or even villages, InfoRos has created a network of amplifiers that surreptitiously broadcast the Russian government’s preferred narrative. The websites are primarily empty shells that regularly copy and paste innocuous content. These sites publish InfoRos content at regular intervals, which has a pro-government or anti-Western tone. The sites appear to relay an editorial line, which appearances suggest would be defined by the GRU, whose mandate is theoretically limited to outside the Russian Federation.


The report below presents OpenFacto’s methodology for discovering the websites and the hypotheses drawn from our analysis of the registered domain names, the Russian localities they target, and the chronology of their creation date. The main objective is to understand the objectives pursued by the GRU through InfoRos – especially in the digital space. To do so, we will first analyse InfoRos’ identity and its unique position within the Russian online « informational control » ecosystem.

This study will also introduce some tools and services to explore the « Ru.net  », a Russian and Russian-speaking segment of the Internet still little researched.

Download the report.

Download the domains’ list (csv file).

Update : 01-28-2022, correction of typos.